La puissance insondable des habitudes et comment la maîtriser ?

La puissance insondable des habitudes et comment la maîtriser ?

Pour ceux qui n’ont pas le temps de lire, vous pouvez écouter l’article ici.

Nous avons tous envie de mettre en place de bonnes habitudes. Comment faire ? Comment mettre toutes les chances de notre côté afin de les pérenniser ? Les 4 lois des habitudes de James Clear nous y aident énormément et c’est précisément de ça dont nous allons parler !

Pour tout sujet qui me tient à cœur, se grave naturellement au plus profond de moi les belles citations qui le concerne. Les « habitudes » sont un tel thème pour lequel j’ai deux citations favorites que j’utilise à l’envi :

Sème une pensée et tu moissonneras une action;
Sème une action et tu récolteras une habitude;
Sème une habitude et tu récolteras un caractère;
Sème un caractère et tu récolteras un destin;

Citation souvent attribuée au Dalaï Lama comme toutes les citations de développement personnel un peu cools. Il est vrai qu’il pèse un peu plus dans le game que William Makepeace Thackeray, à priori véritable premier auteur de cette géniale phrase.

Et celle-ci :

Nous sommes ce que nous faisons de manière répétée

Aristote

Une bonne habitude, c’est un bon choix par défaut. Avoir des bonnes habitudes, c’est disposer d’un pilote automatique qui nous dirige tout droit vers la destination que notre “moi long terme”1J’avais écris un article au sujet des différents “moi” : “Lequel de mes deux “moi” devrais-je écouter et rendre heureux ?” a choisi. Comme si devant un choix pouvant titiller nos pulsions ou notre flemme, c’était notre moi « supérieur » qui reprenait systématiquement la barre.

Notre moi « supérieur », c’est cette partie de nous-mêmes qui se projette et qui parvient à prendre en considération le long terme dans ses décisions. C’est celle qui sait qu’il ne faut pas qu’on cède à toutes les tentations. C’est la partie qui nous dit :

« Mmmh, oulà peut-être pas une bonne idée cette énième pinte à d’IPA à 7 degrés non ? Le Perrier, c’est bon le Perrier non ? Y’a des bulles, c’est tout pareil tu verras » 

Idée bien entendu balayée d’un revers de main par notre esprit « primitif » rétorquant nonchalamment :

« Fais pas iéch blaireau, on gère !»

Moi « primitif » qui, un peu plus tard, quittera lui aussi le navire en totale perdition. 

Une bonne habitude, c’est faire en sorte que notre pilote automatique soit programmé par notre “moi supérieur”.

Bien entendu et comme on me le rappelle instantanément à chaque fois que je parle des habitudes, il existe de nombreuses situations où nous souhaitons laisser libre cours à notre fameuse “spontanéité”, à l’inattendu et aux surprises de la vie. Mais soyons honnêtes, il y a plein de sujets et de contextes où, si nous arrêtons de nous mentir 2 secondes, nous savons pertinemment ce qu’est le “bon choix”. Par exemple : 

  • Lorsqu’on se laisse trop régulièrement aller à engouffrer un pot de Ben&Jerry’s telle une excavatrice à charbon allemande ?
  • Lorsque les sirènes notificatrices de whatsapp sont tellement fortes que tous les jours, nous avons le sentiment de ne rien accomplir ?
  • Lorsqu’un énième couché à 2h devant des séries de plus en plus prenantes nous laissent hagards des jours durant ?

Lorsque “tout ça”, nous savons très bien que nous n’avons pas fait le bon choix. Et pour ceux qui sont terrifiés par une vie où on ne ferait que les « bons » choix, ne vous inquiétez surtout pas. Il existe une différence fondamentale entre : « toujours faire le bon choix » et « toujours faire le mauvais».

Une bonne habitude, c’est simplement faire par « défaut » le bon choix, ça ne veut pas dire qu’un jour où vous voulez consciemment faire un autre choix, vous ne puissiez pas le faire.

L’objectif du travail sur les habitudes est de faire le bon choix par défaut pour ensuite ne plus y penser et pouvoir penser à « autre chose », des choses pour lesquelles le bon choix n’est, par exemple, pas aussi évident.

Ce « default effect » est connu2https://en.wikipedia.org/wiki/Default_effect, il est un des outils utilisés pour changer les comportements d’une société. Un éco-geste connu est par exemple de mettre le paramètre par défaut des impressions à « Recto/Verso » et « Noir&blanc » . Ainsi sans choix « actif » de la part de la personne, l’impression sera plus sobre en papier et en encre.

J’ai lu il y a quelques mois, un livre aussi passionnant que pragmatique au sujet des habitudes : Atomic Habits (en anglais)

Les 4 étapes du fonctionnement d’une habitude

Le livre commence par nous expliquer en quoi les habitudes sont un levier de progrès surpuissant souvent déprécié. 

Ensuite, James Clear reprend là où Charles Duhigg dans son livre « Le pouvoir des habitudes », s’était, hélas, arrêté : le fonctionnement d’une habitude3Le TedX de Charles Duhigg sur le sujet.

Le fonctionnement d’une habitude est le même et ce qu’il s’agisse d’une bonne ou d’une mauvaise. Toute habitude est constituée d’une boucle qui commence par un « signal ». C’est celui-ci qui va déclencher l’habitude, c’est, par exemple, la fin du repas qui nous « signale » le café.  

A chaque habitude, le signal qui la déclenche.

Après le signal, il y’a l’état d’envie :

« Mais qu’est-ce qu’il fout le serveur, il le mou au pilon le café ou bien ? »

Ensuite viens la délivrance, la « réponse » : boire le fameux café !

Et puis la dernière, la « récompense » : un kick de caféine qui, même s’il n’arrive pas toujours au seuil de notre conscience (pour ma part, il n’arrive « plus » au seuil de la mienne depuis que j’ai basculé « coffee junkie » il y a quelques années déjà), est bien traité comme tel par notre cerveau. 

C’est cette boucle : signal, envie, réponse et récompense, qui répétée repas après repas, année après année, donne à mes repas sans café la même saveur qu’un réveillon sans pain.

De cette boucle découlent, selon James Clear, les 4 lois qui facilitent la création d’une bonne habitude : 

  • Loi 1 (déclencheur) : rendez le signal aussi évident que possible !
  • Loi 2 (envie) : rendez l’habitude aussi attractive que possible !
  • Loi 3 (réponse) : rendez la réponse aussi facile à exécuter que possible !
  • Loi 4 (récompense) : rendez l’accomplissement de l’habitude aussi satisfaisant que possible !

C’est en essayant d’actionner au maximum ces 4 leviers que nous mettons toutes les chances de notre côté dans la mise en place d’une bonne habitude.

Lorsqu’il s’agit de « briser » une mauvaise habitude, il suffit d’inverser les lois : 

  • Rendez le signal invisible.
  • Rendez l’habitude inattractive.
  • Rendez l’habitude infaisable.
  • Rendez l’accomplissement de l’habitude aussi « insatisfaisant » que possible.

Ces 4 lois sont là pour nous aider à concevoir des « habitudes » qui, contrairement à nombre de nos résolutions passées, vont survivre au sentiment de culpabilité qui en est à l’origine. C’est-à-dire entre 3 et 7 jours : 

« C’est pas possible, mon poids en foie gras, c’était clairement too much, l’année prochaine, c’est promis, je mange sain ! ».

Loi 0 : Passez d’une formulation « instinctive » à une formulation « précise »

Aux 4 lois de James Clear auxquelles nous allons nous attaquer, je rajouterai une loi « préambule » aussi évidente qu’évitée. 

Tentons d’être honnêtes avec nous-mêmes. Il est souvent écrit dans la formulation même de nos nouvelles et soudaines bonnes intentions qu’elles sont vouées à l’échec : 

  • « A partir de demain, je mange sain » – prononcé en engouffrant une part de bûche.
  • « 2019 : l’année de ma déconnection ! » – en instagrammant la part de bûche suivante.
  • « Cette année, c’est obligé je me met au sport » – en desserrant d’un cran la ceinture afin de pouvoir enfourner la fin de « cette satanée bûche que la pâtissière a beaucoup trop réussi cette année ! »

Ces formulations n’ont quasi aucune chance de passer le cap de la réalité pour la simple et bonne raison qu’on ne peut même pas évaluer leur réalisation. Comment estimer si j’ai mangé de manière saine ? Si je me suis « assez » déconnecté ? Si je me suis effectivement mis au sport ? Tous les escaliers que j’ai pris lors de la grève des escalators, ça compte ? 

La loi 0 de la mise en place des habitudes, c’est déjà de formuler votre habitude avec le plus de précisions possibles pour que vous puissiez, dans tous les contextes, évaluer sa mise en place : « fait / pas fait ».

Pour ça il y’a plein de méthodes, on peut par exemple simplement utiliser les 2 premières lettres du célèbre acronyme SMart4méthode développée à la base pour être capable de définir un objectif « intelligent » pour se rappeler qu’il faudrait que notre nouvelle habitude soit : 

  • Spécifique : plus votre habitude est vague, moins vous avez de chance de savoir par où commencer, évitons donc le, pourtant très noble : « en 2019, je serai une meilleure personne »  
  • Mesurable :  il faut définir sa nouvelle habitude afin qu’on puisse dire précisément si on l’a réalisé ou non. Si vous voulez prendre l’habitude de « méditer tous les jours » par exemple, il faudrait préciser le temps minimum de méditation. Si un jour, vous méditez 20 secondes, est-ce que vous considérerez avoir médité ? Peut-être. Simplement, créez vos règles d’arbitrage en amont.

Maintenant que vous avez formulé votre habitude afin qu’elle soit à la fois spécifique et mesurable, vous allez pouvoir la passer au tamis des 4 lois de James Clear et ainsi mettre toutes les chances du côté de sa pérennisation. 

Loi 1 : L’évidence

Comment rendre le signal qui va déclencher la boucle vertueuse aussi évident que possible ?

La meilleure manière de savoir à quels signaux, nous sommes particulièrement sensibles et comment ils fonctionnent, consiste à s’observer. A priori, 40 à 45 pour cent de ce que nous faisons chaque jour, nous le faisons par habitude5D’après Charles Duhigg, l’auteur du “pouvoir des habitudes”. Nous ne sommes finalement qu’habitudes. Dans les prochains jours, scrutez vos comportements quotidiens et essayez de voir les signaux qui les déclenchent. Personnellement, à l’issue de quelques jours de planque en moi-même, je me suis rendu compte que : 

  • Lorsque j’attends dans une gare et que je vois un distributeur (comme par hasard, ils s’installent toujours précisément sous mes yeux), je me rue sur du cherry Coke (de préférence canette, mais si bouteille, je me rue tout pareil)
  • Le matin dès que j’ouvre mes paupières, je pense à ma première tasse de café
  • En attendant le café, j’ai pour habitude de faire un peu de vaisselle, les trucs faciles, 2/3 tasses. Le plat sévèrement encroûté des colocs (ça ne peut pas être moi, je cuisine pas) attendra.
  • En éteignant mon réveil sur mon smartphone, je pense déjà à regarder mes emails (je parallélise avec l’envie de café en quelque sorte)
  • Lorsque je vois un escalator, un ascenseur, je cherche les escaliers pour faire du sport en les montant (et puis bon, si la civilisation s’effondre, ça fera une habitude de moins à changer #UnRienCompte)
  • Dès que je me lève d’une place, je regarde derrière moi pour m’assurer que je n’aurai pas oublié sac à dos, longboard ou câbles en tout genre …

Etc, etc, etc

En faisant ce travail d’introspection, vous verrez que les signaux qui déclenchent vos habitudes actuelles sont la plupart du temps :

  • Liées à un contexte (ex « partir d’un lieu public », « voir des escalators/ascenseurs ») ou à un lieu spécifique (ex « la gare ») ou bien à une heure (ex « le réveil »)
  • Ou bien liées à une habitude que vous avez déjà (ex : attendre que le café soit prêt, éteindre son smartphone)

Et c’est exactement ce type de signaux déjà existants que vous devez utiliser pour l’habitude que vous voulez mettre en place. Précisez et formulez-la de manière à, volontairement, transformer un contexte, un lieu, une heure ou bien une habitude que vous avez déjà en signal déclencheur de la nouvelle.

Sa formulation doit en son sein contenir le signal déclencheur et ressemblera alors à quelque chose du genre : 

« Je vais [NOUVELLE HABITUDE] à [MOMENT SPÉCIFIQUE] dans [LIEU SPÉCIFIQUE] »

Ou bien

« Après [HABITUDE ACTUELLE], je vais [NOUVELLE HABITUDE] »

Dans mon cas, la dernière habitude que j’ai mise en place « écrire 30 minutes par jour » se déclenche par le signal « ouverture de mon ordinateur portable ». Une fois le PC ouvert, je dois, avant toute autre chose, écrire 30 minutes. 

Loi 2 : L’attractivité

Comment rendre votre nouvelle habitude aussi attractive que possible ?

Une première stratégie peut être de la « greffer » à une habitude que vous aimez déjà faire. Retournez voir vos notes où vous avez listé vos manies quotidiennes. Lesquelles appréciez-vous, aussi petites et insignifiantes puissent-elles paraître ? Boire une tasse de bon café ? Boire un grand verre d’eau pétillante fraîche ? Aller sur votre balcon et prendre l’air quelques instants ? Lire un article de journal ? Allez voir les derniers posts de votre blog préféré6Je dis ça, je dis rien : https://kottke.org/ ? Ouvrir votre boîte mail pour la première fois de la journée (on ne sait jamais, entre minuit et 7h, on a souvent des surprises) ?

Une fois que vous en avez quelques-unes sous le coude, la stratégie est alors de vous servir de l’une d’entre elles comme d’une « rétribution », conditionnée à la réalisation de votre nouvelle habitude :

Après avoir [NOUVELLE HABITUDE A METTRE EN PLACE], je ferai [HABITUDE QUE VOUS AIMEZ FAIRE].

Dans mon cas avec l’écriture, c’est donc devenu :

« Après avoir écrit 30 minutes, je vais me préparer une tasse de café »

En récapitulant Loi 1 et Loi 2, la formulation de mon habitude s’est déjà précisée : 

« Tous les matins, la première chose que je fais, après avoir ouvert mon ordinateur (Signal : Loi 1), c’est d’écrire 30 minutes. Ensuite, je me préparerai un café (Attractivité : Loi 2) »

Une seconde stratégie consiste à intégrer un groupe, une communauté où votre habitude cible est la norme. L’identité de ce groupe vous tirera vers le haut. Nos mécanismes sociaux naturels transformeront votre désir d’appartenir et d’être bien dans le groupe, en motivation pour réaliser quotidiennement l’habitude qui, dans cette communauté, est normale. Vous bénéficierez en plus d’aide, de conseils et de partages quant à votre habitude cible, qu’il s’agisse de faire du sport, de méditer ou bien de manger moins de viande. 

Loi 3 : La facilité

On a tous connu cet instant où, après s’être chauffé à aller courir, des bâtons viennent se glisser dans nos roues à l’ultime moment ?

  • Alors que l’heure de partir s’approche et qu’il vient de se mettre à pleuvoir des cordes, vous vous dites que finalement votre ami.e n’a pas vraiment confirmé le footing : “je suis sûr qu’il.elle a la flemme, je vais lui envoyer un texto pour savoir si elle veut vraiment vraiment courir”. Vous êtes trop bons, vous voudriez pas la forcer hein ? 🙂
  • Vous ne retrouvez plus le short avec lequel vous aimeriez courir (le bleu là, celui avec lequel on dirait que vous êtes sportif).
  • Votre montre GPS qui enregistre votre footing annuel n’est pas chargée, DAMN !
  • Il fait froid, il bruine, le fleuve est en crue, merde c’est la fin du monde, pile poil aujourd’hui alors que vous alliez vous mettre à courir, pas de bol merde ! 

Et oui parce que tant qu’une habitude n’est pas vraiment en place, on n’a jamais l’impression que les éléments se prennent la main pour nous faciliter la tâche. On a plutôt l’impression que l’univers n’est qu’une immense alliance dont le seul but est que « vous ne courriez pas aujourd’hui ou même de préférence JAMAIS ! »

Face à cette malédiction de la loi 3 (une habitude avant de devenir une habitude n’est jamais facile à exécuter) dont nous sommes trop souvent les victimes, James Clear développe 2 stratégies aussi malicieuses que les éléments qui entravent notre chemin de progrès.

Stratégie 1 : faire en sorte que notre environnement hurle « fais-le, fais-le, fais-le ».

Il faut que tous les éléments vous facilitent la tâche. Il faut minimiser au maximum les couacs logistiques de dernière minute qui ne manqueront pas d’advenir. C’est la fameuse loi de Murphy : « Tout ce qui est susceptible d’aller mal, ira mal ». Votre but est d’atomiser cette « susceptibilité ». S’il n y a rien qui est susceptible d’aller mal, ça devrait aller bien non ?

Vous voulez aller courir ? La veille, préparez vos chaussures, elles sont au pied du lit. Vous avez tout sorti, les chaussettes, le short, le tee shirt et la frontale (on ne sait jamais, si le soleil ne se lève pas demain). Vous avez même un kawé parce que vous avez prévu le coup et accuWeather vous dit que demain, c’est le déluge. Votre montre est chargée et puis de toute manière vous n’avez pas le choix, un ami vous attend et c’est le genre qui va mal le prendre si vous n’y allez pas. 

Pour comprendre la loi 3, allons jusqu’au bout. Dans l’absolu, si vous vouliez être vraiment sûr de courir 5 km tous les matins, vous pourriez avoir votre armoire avec tous vos habits pro à 5 km de l’endroit où vous dormez avec comme seul moyen de transport jusqu’à votre garde-robe : vos jambes. Dans un tel environnement, vous courriez tous les jours, sans exception.

Autre exemple : pour faire davantage de vélo, cramez votre caisse, tout simplement ! #FallaitYPenser

Bon, non, donnez là plutôt, brûler votre voiture, c’est dommage, ça satelliserait votre bilan carbone.

La loi 3, c’est transformer votre vie, au moment où vous devriez « faire » votre habitude, en un corridor sans porte avec pour seule sortie : sa réalisation.  

En ce qui concerne mon habitude d’écriture :

  • J’ouvre le fichier sur lequel je vais travailler la veille au soir.
  • J’ai toujours un sujet en cours sur lequel je travaille pour ne surtout pas bloquer sur « mais sur quoi je vais bien pouvoir écrire aujourd’hui ». 
  • J’utilise un logiciel bloqueur7le fabuleux cold turkey et cold turkey writer qui transforme mon ordinateur en machine à écrire numérique jusqu’à la réalisation de ma mission. 
  • J’ai composé une playlist spatiale8Si ça vous tente, c’est   spécialement conçue pour l’écriture.

Stratégie 2 : La règle des 2 minutes

C’est une règle qu’on entend souvent mais dont je n’avais personnellement pas saisi la puissance avant le livre de James Clear. Surtout je n’avais pas saisi à quel point cette règle peut s’intégrer dans un système plus large et plus global dont elle n’est qu’une petite partie. On peut voir dans cette règle des « 2 min » une simple déclinaison de la 3ème loi : rendre l’habitude facile à exécuter.

Cette règle des « 2 min » comporte quelques avantages qui justifient sa position dans le panthéon du développement personnel :

  • Une habitude de « 2 min » tue dans l’œuf le principal argument dont nous nous servons régulièrement pour ne pas faire les choses que nous devrions faire : « je n’ai pas le temps ». Qui n’a honnêtement pas 2 min de disponible dans sa journée ?9Si vous vous dites au fond de vous « ben, moi ! », dans ce cas je vous dis : « merci beaucoup de prendre le temps de me lire » et « vous avez peut-être un vrai sujet sur le temps non ? Tenez, j’ai écrit toute une série d’articles sur le sujet, BLAM ! :P)
  • Lorsqu’on met en place une habitude de « 2 min », par exemple « dessiner », « courir », « lire », « méditer » 2 minutes par jour, on réalise rapidement qu’on y passe finalement bien plus que 2 minutes. Même si dans le contrat que vous avez passé avec vous-mêmes, votre habitude implique simplement de mettre vos tennis, de traverser le boulevard en trottinant et de revenir dans votre appart (en prenant l’escalier, faut pas pousser); vous vous rendrez rapidement compte qu’une fois le boulevard traversé, la piste cyclable vous tend trop les bras pour ne pas continuer. Et puis bon, quitte à être dehors, autant vous dégourdir les jambes non ? Mais par contre, si vous décidez de rentrer, c’est Ok. C’est votre contrat, vous l’avez rempli et vous pouvez remonter les escaliers 4 à 4, fier du devoir accompli !
  • Et c’est là que le dernier avantage de la méthode, le plus puissant finalement, s’accomplit. La règle des 2 minutes, c’est la technique du « pied dans la porte » appliquée à vous-mêmes. Une habitude de 2 minutes bien ancrée dans votre quotidien, c’est une habitude qui a, avec 2 minutes pas jour, modifié votre « identité ». Une fois que vous avez passé 6 mois à dessiner 2 minutes par jour, vous « êtes » quelqu’un qui dessine tous les jours. Une fois que vous vous définissez comme quelqu’un qui « dessine », « médite », « fait du sport », « mange très peu de viande », « ne prend plus l’avion », vous n’aurez plus besoin quelque part de stratégie pour faire ces choses-là, ça sera devenu normal. Dans tous les contextes possibles et inimaginables, vous plierez votre environnement par la force naturelle et inconsciente de votre identité. C’est pour cette raison très simple que les gens qui ont l’habitude de faire la gueule peuvent faire la gueule par grand soleil. Notre identité est plus forte que les étoiles.

Loi 4 : La satisfaction

La logique de la 4ème loi est imparable. Elle conclut la boucle de l’habitude par le constat simple que :

 « Nous sommes plus susceptibles de répéter un comportement lorsque l’expérience est satisfaisante ».

Comme le dit James Clear

« Les trois premières lois du changement de comportement (l’évidence, l’attractivité, la facilité) augmentent les chances qu’un comportement soit appliqué dans un cas de figure donné. La 4ème loi du changement de comportement (la satisfaction) augmente les chances qu’un comportement soit répété une prochaine fois. »  

Pour cette dernière partie, il nous faut donc créer, de toute pièce, une récompense à court terme que l’on va généreusement s’accorder à chaque fois que nous réalisons notre nouvelle habitude.

Idéalement, le simple fait de la réaliser devrait constituer en soi, la récompense. Hélas, trop souvent, ce n’est absolument pas le cas. Nous humains, nous avons cruellement besoin de médailles, il nous faut une récompense « sonnante et trébuchante ». 

Quelques stratagèmes fonctionnent « étrangement » bien pour leurrer ce besoin. On peut par exemple « concrétiser » sa réalisation en « cochant » chaque journée où on a réalisé son habitude. Il y’a une sorte de jouissance à voir la chaîne de croix ininterrompue s’agrandir, jour après jour, réalisation après réalisation. C’est ce même phénomène, humain, simple, instinctif sur lequel se base les streaks de « SnapChat ». Notre cerveau est câblé pour aimer constater matériellement sa progression, croix après croix, signe après signe. 

Pour certains, les croix fonctionneront, pour d’autres ça sera des compteurs (par exemple du nombre de mots écrits) mais de manière générale, les marqueurs physiques, quels qu’ils soient, de notre réussite sont importants et efficaces. 

Quelqu’un qui arrête de fumer pourra ainsi créer un compte spécialement conçu pour recevoir la somme correspondante à chaque paquet évité. Ainsi, il verra croître la somme petit à petit. Il associera progressivement le renoncement à chaque paquet à une économie réelle réalisée. Cette somme croissante deviendra de plus en plus précieuse au fur et à mesure de son sevrage tabagique, l’encourageant à ne pas briser la chaîne vertueuse de sa nouvelle bonne habitude.

Cette méthode peut fonctionner pour toute habitude qui consiste à « ne pas acheter quelque chose qu’on avait l’habitude d’acheter ». On récompense le comportement inverse en le matérialisant par une économie instantanée sur un compte prévu à cet effet. 

Mais la question générale est simplement, comment matérialiser la progression, le travail et l’effort accompli d’une manière qui nous parle et dont nous pourrions être fiers ? Pour l’écriture, j’ai deux manières d’obtenir une récompense immédiate :

  1. Tous les jours, je regarde sur le document d’écriture en cours, le nombre de pages, le nombre de mots qui augmente. Avant de fermer, je parcours le document pour ressentir mon progrès et l’évolution du texte.
  2. Tous les jours, après avoir écrit 30 min, je coche cette habitude (perso, je suis clairement un grand fan des cases à cocher)

Dans tous les cas, si vous voulez augmenter les chances de reproduction de votre nouvelle habitude, il vous faudra lui trouver une forme de récompense immédiate. Ce sera elle qui se chargera, jour après pour, de convaincre la partie primitive de votre cerveau qu’elle a tout intérêt à reproduire ce comportement sans avoir à attendre les résultats potentiels dans 10 ans.

Conclusion 

Il n’existe pas de solution miracle pour mettre en place une habitude, c’est un processus qui nécessite de l’engagement. Si on devait mettre une habitude en place avant tout autre, c’est bien celle de continuellement tenter de forger de meilleures habitudes et de ne jamais, jamais désespérer même lorsque, tel sysiphe, nous nous rendons compte de l’absurdité de notre condition. De la même manière qu’il fallait, comme le disait Camus, « imaginer Sysiphe  heureux », nous devons nous « imaginer heureux ». Nous devons durant un temps, qui hélas n’est pas éternel, essayer d’apprendre à vivre passionnément cette révolte absurde, contre soi-même que constitue l’ambition de « devenir meilleur ».    

Ces 4 lois et tous les concepts de ce livre n’ont rien de miraculeux mais ils sont pour moi, un instrument de révolte quotidienne efficace !

Révoltons-nous ! 😉

Pace é Saluté,

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4 comments

  1. Cecile Barreda says:

    Bravo pour cet article sur la puissance des habitudes ! 👌
    Il est clair que nous sommes des êtres d’habitude et même avec la meilleure volonté du monde sans méthodes et sans “petits plaisirs” fait de récompenses c’est duuuur.
    Personnellement la procrastination trouve toujours des raisons de s’imposer.
    Nous sommes aussi des êtres de désir malgré toute discipline…😏
    De mon côté J’ai adopté le M3 journal il est remplie de citation /méthode smart / matrice entre bullet journal et organisations pour atteindre ses objectifs et l’idée de communauté de winneur que tu développes y est aussi. (j’ai pas encore constitué ma Team à bon entendeur dans la salle !)
    Ce qui marche pas mal sur moi qui me fait avoir facilement par un beau packaging au supermarché, c’est que le M3 journal (de Damien Cozette) a des couleurs.
    Ça fait moins scolaire Et plus ludique ! 😁
    Ps :ne pas oublier son enfant intérieur il vous mène à changer vos habitudes plus facilement.

    • Jean-Lou says:

      “la procrastination trouve toujours des raisons de s’imposer.” -> elle tellement balèze chez moi que je ne cesse d’admirer son génie … J’avoue que la partie en face développe des stratégies assez folles également.

      M3 journal : je connais pas du tout, intéressant, moi j’avoue que j’ai un faible pour la technique du bullet journal qui permet à tout le monde de se construire son outil qui correspond à ses besoins 🙂 https://avantlecafe.fr/2019/07/16/comment-s-organiser-grace-au-bullet-journal/

      “ne pas oublier son enfant intérieur” -> jamais, c’est lui qui sait vivre 🙂

    • Jean-Lou says:

      J’espère que la règle des deux minutes vous a un peu aidé :). De manière générale, je crois qu’il faut simplement ne jamais arrêter d’essayer et ne pas trop s’en vouloir d’échouer.

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